"L'esprit envahi de souvenirs et préoccupé par l'avenir perd la fraicheur de l'instant présent.Nous sommes alors incapables de reconnaitre la simplicité lumineuse de l'esprit qui est toujours présente derrière le rideau des pensées."

Matthieu Ricard

"Le bonheur c'est de continuer à désirer ce que l'on possède déjà"
Saint Augustin

"L'important c'est d'être à soi-même sa propre lumière, son propre maître et son propre disciple."
Krishnamurti (1895-1986)

Amor vincit omnia









dimanche 25 septembre 2011

Crise européenne.



                      L'impromptu de Berlin, un régal..en Alexandrins
   
La scène se passe dans les jardins du Château Bellevue, à Berlin. Angela von Mecklemburg et Nicolas de Neuilly se sont discrètement éclipsés de la réception offerte par le roi de Prusse. On entend, au loin, les accents du quatuor de Joseph
Nicolas :
 Madame, l'heure est grave : alors que Berlin danse
 Athènes est en émoi et Lisbonne est en transes
 Voyez la verte Erin, voyez l'Estrémadoure 
 Entendez les Romains : ils appellent au secours ! 
 Ils scrutent l'horizon, et implorent les Dieux.
 Tous les coffres sont vides, et les peuples anxieux
 Attendent de vous, madame, le geste généreux ! 
 De leur accablement ils m'ont fait l'interprète :
 Leur destin est scellé, à moins qu'on ne leur prête
 Cet argent des Allemands sur lesquels vous régnez. 
 Cette cause est bien rude, mais laissez moi plaider...
Angela :
 Taisez-vous Nicolas ! Je crois qu'il y a méprise
 Folle étais-je de croire à une douce surprise
 En vous suivant ici seule et sans équipage
 Je m'attendais, c'est sûr, à bien d'autres hommages !
 Mais je dois déchanter, et comme c'est humiliant
 De n'être courtisée que pour son seul argent !
Nicolas :
 Madame, les temps sont durs, et votre cœur est grand 
 Vos attraits sont troublants, mais il n'est point décent
 D'entrer en badinage quand notre maison brûle !
 Le monde nous regarde, craignons le ridicule ! 
 Notre Europe est malade, et vous seule pouvez 
 La soigner, la guérir et, qui sait ? La sauver !
 Nous sommes aujourd'hui tout au bord de l'abîme
 Vous n'y êtes pour rien, mais soyez magnanime !
 Les Grecs ont trop triché ? Alors la belle affaire ! 
 Qu'on les châtie un peu, mais votre main de fer
 Est cruelle aux Hellènes, et nous frappe d'effroi !
Angela :
 J'entends partout gronder, en Saxe, Bade ou Bavière 
 L'ouvrier mécontent, le patron en colère.
 Ma richesse est la leur, ils ont bien travaillé.
 L'or du Rhin, c'est leur sueur et leur habileté.
 Et vous me demandez, avec fougue et passion
 De jeter cette fortune au pied du Parthénon ? 
Ce serait trop facile et ma réponse est non !
Nicolas :
 On ne se grandit pas en affamant la Grèce
 En oubliant Platon, Sophocle et Périclès !
 Nos anciens nous regardent, et nous font le grief
 D'être des épiciers et non pas de vrais chefs !
 Helmut Kohl est furieux et Giscard désespère.
 Un seul geste suffit, et demain à Bruxelles
 Desserrez, je vous prie, le nœud de l'escarcelle !
Angela :
 Brisons là, je vous prie, la nuit est encore belle
 Votre éloquence est grande et mon âme chancelle...
 Mais si je disais oui à toutes vos demandes
 Je comblerais la femme, et trahirais l'Allemande !


(Ils s'éloignent, chacun de leur côté)

Aucun commentaire: