"L'esprit envahi de souvenirs et préoccupé par l'avenir perd la fraicheur de l'instant présent.Nous sommes alors incapables de reconnaitre la simplicité lumineuse de l'esprit qui est toujours présente derrière le rideau des pensées."

Matthieu Ricard

"Le bonheur c'est de continuer à désirer ce que l'on possède déjà"
Saint Augustin

"L'important c'est d'être à soi-même sa propre lumière, son propre maître et son propre disciple."
Krishnamurti (1895-1986)

Amor vincit omnia









samedi 1 octobre 2011

Qu’est–ce qui nous reste ?


Qu’est-ce qui reste quand il ne reste rien ? Ceci : que nous soyons humains envers les humains, qu’entre nous demeure l’entre nous qui nous fait hommes.

Car si cela venait à manquer, nous tomberions dans l’abîme, non pas du bestial, mais de l’inhumain ou du déshumain,   le monstrueux  chaos de terreur et de violence où tout se défait.

Cette mutuelle et primitive reconnaissance, c’est en un sens le banal et l’ordinaire de la vie.

C’est ce qui s’échange dans le travail partagé, dans les gestes simples de la tendresse, dans les conversations au contenu peut-être dérisoire, mais où pourtant l’on converse, face à face, présents pour s’entendre.

C’est ce qui subsiste et ressurgi dans les situations extrêmes : quand quelqu’un va mourir (du sida, d’un cancer, de vieillesse..), quand quelqu’un, par âge ou accident, est réduit à l’hébétude, ou qu’il se trouve noué dans l’angoisse, ou quand une mère regarde pour la première fois l’enfant qui vient de sortir d’elle.

Alors il arrive qu’un presque rien, la lumière d’un visage, la musique d’une voix, le geste offert d’une main, tout d’un coup disent tout : et que par exemple cet épuisé qu’on croyait noyé dans l’absence signe d’un mouvement presque invisible la présence de la présence.

Parole, primordiale parole où se désigne l’humain de l’humain. Elle peut être sans mots, dans l’aube impalpable du langage. Et si des mots la disent, ils sont chair et esprit, pétris d’une substance qui les exhausse au-dessus du langage ordinaire.

                                                                                                                      Maurice BELLET
                                                                                                            « Incipit ou le commencement »

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