"L'esprit envahi de souvenirs et préoccupé par l'avenir perd la fraicheur de l'instant présent.Nous sommes alors incapables de reconnaitre la simplicité lumineuse de l'esprit qui est toujours présente derrière le rideau des pensées."

Matthieu Ricard

"Le bonheur c'est de continuer à désirer ce que l'on possède déjà"
Saint Augustin

"L'important c'est d'être à soi-même sa propre lumière, son propre maître et son propre disciple."
Krishnamurti (1895-1986)

Amor vincit omnia









dimanche 11 mars 2012

L'image du jardin et la pensée du jour.

Un visiteur hier matin.
Le Héron
Un jour, sur ses longs pieds, allait je ne sais où, 
Le Héron au long bec emmanché d'un long cou. 
Il côtoyait une rivière. 
L'onde était transparente ainsi qu'aux plus beaux jours ; 
Ma commère la carpe y faisait mille tours 
Avec le brochet son compère. 
Le Héron en eût fait aisément son profit : 
Tous approchaient du bord, l'oiseau n'avait qu'à prendre ; 
Mais il crut mieux faire d'attendre 
Qu'il eût un peu plus d'appétit. 
Il vivait de régime, et mangeait à ses heures. 
Après quelques moments l'appétit vint : l'oiseau 
S'approchant du bord vit sur l'eau 
Des Tanches qui sortaient du fond de ces demeures. 
Le mets ne lui plut pas ; il s'attendait à mieux 
Et montrait un goût dédaigneux 
Comme le rat du bon Horace. 
Moi des Tanches ? dit-il, moi Héron que je fasse 
Une si pauvre chère ? Et pour qui me prend-on ? 
La Tanche rebutée il trouva du goujon. 
Du goujon ! c'est bien là le dîner d'un Héron ! 
J'ouvrirais pour si peu le bec ! aux Dieux ne plaise ! 
Il l'ouvrit pour bien moins : tout alla de façon 
Qu'il ne vit plus aucun poisson. 
La faim le prit, il fut tout heureux et tout aise 
De rencontrer un limaçon. 
Ne soyons pas si difficiles : 
Les plus accommodants ce sont les plus habiles : 
On hasarde de perdre en voulant trop gagner. 
Gardez-vous de rien dédaigner ; 
Surtout quand vous avez à peu près votre compte. 
Bien des gens y sont pris ; ce n'est pas aux Hérons 
Que je parle ; écoutez, humains, un autre conte ; 
Vous verrez que chez vous j'ai puisé ces leçons. 

Jean de LA FONTAINE, Fables, Livre VII (1678)

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Superbe ! (la photo )
LO

Anonyme a dit…

Une fable chaque jour serait la bienvenue. C'est vivifiant, beau et combien d'humains peuvent s'y reconnaître. Merci Alain